Musique maestro? C'est rapé !
En cette période estivale où ma production de billet se ralentit inexorablement (et je m’en porte plutôt bien, je vous le dis : « Je me porte très bien ! »), je vous ressors un petit truc écrit il y a quelques semaines, et que j’avais « oublié » dans un dossier confidentiel enfermé dans, oui, oui, allez-y, enfermé dans la cave.
Bon, alors…
Rappelez-vous de votre première fête de la musique. Celle durant laquelle avec vos copains du lycée, vous jouâtes dans la rue principale de votre ville ou village. Un guitariste, un clavier et un percussionniste, tous unis qui mal y pense. Tous, vous aviez passé des heures et des heures et des heures et des heures et des heures et des heures à faire du bruit à travailler des morceaux du feu Téléphone ou bien de Kajagoogoo.
Non, vous n’avez pas de souvenirs comme ça ? Ben, ça tombe bien, moi non plus!
Les temps ont bien changé, je vous le dis moi. Toujours dans le même registre de la « readaptaccion total y globale de la vida equatorial de la Francia » je vous offre la fête de la musique version 2006.
J’habite dans un petit village qui a le mérite d’avoir son festival off de la fête de la musique. Quand je disoff, c’est que c’est un festival qui se fait le 12 novembre sur un parking de supermarché vers 13h le jeudi.
Une fois n’est pas coutume, n’ayant pas eu le loisir de participer à cette coterie depuis maintes années, à l’invitation d’un frère de sang (quand je dis frère de sang, je veux dire un frère avec lequel j’ai tué le cochon, hein ?) je me dirigeai vers la place du « village-dont-je-dois-taire-le-nom » où avait installé une scène à l’éclairage harmonieux et au effet cancérigène fumigène magnifique. Je babillais gaiement avec quelques accointances de mes lents progrès tennistiques, avec posé devant moi une assiette de frites molles et sous cuite celles-ci accompagnées d’une merguez dodue. Tout ça afin d’occuper mes mains ampoulées.
Puis la présence des aliments dans ma panse ralenti mon cerveau, mes mouvements, et mon état général: la cata de la catatonie. Or, Ô joie, on annonça un groupe de musique local. Sans coup droit férir, cela eut pour effet d’aiguiser ma curiosité - Oui, il en faut peu!
« Une bourrrrrrrrrée ? » m’enquerrais-je, un rien moqueur, auprès de mon compagnon de table.
« Que nenni mon bon ! » souffla-t-il, l’haleine sentant la cervoise : « Du rap ! ». Je le frappai violement au visage avec ma sandale, car j'ai horreur que l'on m'appelle «mon bon». Naaaan, je rigole!
Où en étais-je ? Ah oui...
Du rap dans le village, mais que pouvaient-ils bien raconter ? Un labour laborieux ? Une poule virale ? Une moisson minimale misérable ? Que sais-je ?
Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre des rythmes binaires et des mélopées anglophones, « sampled » dans un garage, fournir le fond sonore à des paroles bavant le rejet de la police, rejetant en bloc le racisme, l’insécurité, et la hausse du prix de Pif Gadget.
Où se trouvait la guitare ?
Et Jean-Daniel, le percussionniste et ses boum boum boum ping ping ?
« Et Kajagoogoo, meeer-deu ! » pensé-je.
Non, non, mon kiki, ils avaient un mike, des Nike, et cette clique et ses tics, piqués aux mecs des states, rapait sans coke. Ça gigotait, ça bougeait, cela en étant presque épuisant de les voir traverser la scène toute les vingt secondes dans un brouhaha bruyant brayant des bribes brouillonnes.
Avez-vous noté vous aussi que le rappeur-de-scène est un objet mouvant translatoire, et qui se doit de bouger les bras avec une énergie non mesurée ?
« Qu’est-ce qu’ils disent ? »
« Hein ? »
« De quoi ils parlent ? enfin chantent ? euh je veux dire rapent ? »
« Hein ? »
« De quoi ils parlent dans leur rap machin, les petits jeunes là ? »
« Hein ? »
« Pff ! Tu m’entends ? »
« Hein ? »
« T’es vraiment qu’une grosse déjection de berger allemand qui pu la sueur de mouton ! »
« Hein ? »
« … »
Continuant leur show, cet amas de jeunes poussa l’audace en nous invitant à les joindre dans un marathon bondissant. Avaient-ils oubliés ces marmots que j’étais vieux et que de la pomme de terre dans le ventre, je n’étais plus bon à rien ?
Je suis donc resté collé le cul sur le banc, calé, oyant ces ouailles.
Je découvris ainsi qu’il y avait une vie de banlieue dans le village de 1653 âmes. Ah bon, ça craignait grave ici ? Les petits pavillons du Bois Joli étaient un haut lieu de tensions ? On brûlait des tracteurs et des moissonneuses ? La cité des 14 maisons Leroy-Merlin était trop de la balle de ta race ? Les descentes de police de 17h dans la ferme des Durant étaient abusives ?
Je me sentais hors du coup, vieux, décalé, con, et certainement aussi obtus que ne l’avait été mes grands parents à l’arrivée d’Elvis, Chuck, Britney, et Michel Sardou.
J’ai donc quitté la place, et je suis allé m’écouter à la cave un bon vieux Kajagoogoo
« Too shy, shy… »
Bon, alors…
Rappelez-vous de votre première fête de la musique. Celle durant laquelle avec vos copains du lycée, vous jouâtes dans la rue principale de votre ville ou village. Un guitariste, un clavier et un percussionniste, tous unis qui mal y pense. Tous, vous aviez passé des heures et des heures et des heures et des heures et des heures et des heures à faire du bruit à travailler des morceaux du feu Téléphone ou bien de Kajagoogoo.
Non, vous n’avez pas de souvenirs comme ça ? Ben, ça tombe bien, moi non plus!
Les temps ont bien changé, je vous le dis moi. Toujours dans le même registre de la « readaptaccion total y globale de la vida equatorial de la Francia » je vous offre la fête de la musique version 2006.
J’habite dans un petit village qui a le mérite d’avoir son festival off de la fête de la musique. Quand je disoff, c’est que c’est un festival qui se fait le 12 novembre sur un parking de supermarché vers 13h le jeudi.
Une fois n’est pas coutume, n’ayant pas eu le loisir de participer à cette coterie depuis maintes années, à l’invitation d’un frère de sang (quand je dis frère de sang, je veux dire un frère avec lequel j’ai tué le cochon, hein ?) je me dirigeai vers la place du « village-dont-je-dois-taire-le-nom » où avait installé une scène à l’éclairage harmonieux et au effet cancérigène fumigène magnifique. Je babillais gaiement avec quelques accointances de mes lents progrès tennistiques, avec posé devant moi une assiette de frites molles et sous cuite celles-ci accompagnées d’une merguez dodue. Tout ça afin d’occuper mes mains ampoulées.
Puis la présence des aliments dans ma panse ralenti mon cerveau, mes mouvements, et mon état général: la cata de la catatonie. Or, Ô joie, on annonça un groupe de musique local. Sans coup droit férir, cela eut pour effet d’aiguiser ma curiosité - Oui, il en faut peu!
« Une bourrrrrrrrrée ? » m’enquerrais-je, un rien moqueur, auprès de mon compagnon de table.
« Que nenni mon bon ! » souffla-t-il, l’haleine sentant la cervoise : « Du rap ! ». Je le frappai violement au visage avec ma sandale, car j'ai horreur que l'on m'appelle «mon bon». Naaaan, je rigole!
Où en étais-je ? Ah oui...
Du rap dans le village, mais que pouvaient-ils bien raconter ? Un labour laborieux ? Une poule virale ? Une moisson minimale misérable ? Que sais-je ?
Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre des rythmes binaires et des mélopées anglophones, « sampled » dans un garage, fournir le fond sonore à des paroles bavant le rejet de la police, rejetant en bloc le racisme, l’insécurité, et la hausse du prix de Pif Gadget.
Où se trouvait la guitare ?
Et Jean-Daniel, le percussionniste et ses boum boum boum ping ping ?
« Et Kajagoogoo, meeer-deu ! » pensé-je.
Non, non, mon kiki, ils avaient un mike, des Nike, et cette clique et ses tics, piqués aux mecs des states, rapait sans coke. Ça gigotait, ça bougeait, cela en étant presque épuisant de les voir traverser la scène toute les vingt secondes dans un brouhaha bruyant brayant des bribes brouillonnes.
Avez-vous noté vous aussi que le rappeur-de-scène est un objet mouvant translatoire, et qui se doit de bouger les bras avec une énergie non mesurée ?
« Qu’est-ce qu’ils disent ? »
« Hein ? »
« De quoi ils parlent ? enfin chantent ? euh je veux dire rapent ? »
« Hein ? »
« De quoi ils parlent dans leur rap machin, les petits jeunes là ? »
« Hein ? »
« Pff ! Tu m’entends ? »
« Hein ? »
« T’es vraiment qu’une grosse déjection de berger allemand qui pu la sueur de mouton ! »
« Hein ? »
« … »
Continuant leur show, cet amas de jeunes poussa l’audace en nous invitant à les joindre dans un marathon bondissant. Avaient-ils oubliés ces marmots que j’étais vieux et que de la pomme de terre dans le ventre, je n’étais plus bon à rien ?
Je suis donc resté collé le cul sur le banc, calé, oyant ces ouailles.
Je découvris ainsi qu’il y avait une vie de banlieue dans le village de 1653 âmes. Ah bon, ça craignait grave ici ? Les petits pavillons du Bois Joli étaient un haut lieu de tensions ? On brûlait des tracteurs et des moissonneuses ? La cité des 14 maisons Leroy-Merlin était trop de la balle de ta race ? Les descentes de police de 17h dans la ferme des Durant étaient abusives ?
Je me sentais hors du coup, vieux, décalé, con, et certainement aussi obtus que ne l’avait été mes grands parents à l’arrivée d’Elvis, Chuck, Britney, et Michel Sardou.
J’ai donc quitté la place, et je suis allé m’écouter à la cave un bon vieux Kajagoogoo
« Too shy, shy… »