C'est beau la campagne la nuit

Publié le par IP

Je marche souvent pesamment, lentement
Mes grands yeux collés à la terre,
Évitant un caca, une motte, une gomme.
Je laisse ainsi traîner mes orbites creuses,
Sur mes bottes lourdes et crottées couvertes
De mes multiples pensées fétides;
Soudainement attirées par l’onde souterraine.
Dans le caniveau de mes douleurs;
À ras de terre, mes soucis tout fanés,
Trouvent l’humus et l’honnêteté,
Pour alors s’épanouir pour encore quelques heures,
Et espérer qu’il y a demain.

C’est terrible hein ? J’avais l’odeur du fumier qui me montait à la tête quand j’ai écrit ce truc-là. Cocorico !
En fait, l’autre soir, pas celui-là, l’autre, hein, je rentrais seul dans la nuit noire, (non, non, je ne suis pas un voyou) et pour une fois au lieu d’aller jeter immédiatement mon corps aveugle dans mon poulailler d’encre, je laissais ma cavité nasale aspirer l’air frais et pur de la campagne. Aaaaaah ! Ça sentait bon, ça sent toujours bon la nuit comme si les odeurs attendaient le matin et les week-ends pour virevolter dans l’air et dissiper leurs molécules nauséabondes dans mes narines urbanisées. Prout !
Je levais donc les yeux, et je fus surpris de voir Ô combien la nuit était étoilée. La Grande Ourse, la Petite Ourse, le Scorpion, le râteau, l’hélicoptère, le géranium, Charles Trenet, Mireille Matthieu. Elles étaient toutes présentes mes constellations préférées.
J’avais oublié que c’était beau un ciel clair la nuit. Clair de pollution lumineuse si commune en ville.
J’avais oublié combien il y avait de petits points lumineux qui scintillent dans le firmament. C’était beau ! Oh oui, beau ! Beau comme neige au soleil que même !
J’avais oublié que nous n’étions que d’infimes choses dans cet univers infini, et que j’allais mourir un jour, seul et cloîtré dans une pièce capitonnée – Je chargeais donc la chevrotine.
Trop souvent, perdu dans mon comptage de moutons, j’avais regardé en vain le ciel urbain nocturne, tout orange, et abandonné l’espoir de voir filer stellaire un vœu salvateur.
Alors là, la tête à 45 degrés, perdus dans les étoiles, je laissais couler une larme sur mes Clark en chevreuil.
C’est beau la campagne la nuit. Cocorico !

Publié dans Poésie

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L
Je t'envie ! Tu verras pourquoi dans mon article de vendredi.
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I
La vie en ville fait disparaitre les etoiles. J'ai le sentiment de savoir dans quelle direction tu te diriges...je patienterai
M
En tout cas c'est fort bien décrit, monsieur IP : )
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I
Ben, merci bien ma p'tite dame...venant de toi, je n'en suis que flatté ;-)
T
Et à zieuter extatiquement le ciel étoilé, tu finis par marcher dans une bouse de vache !... Tu es à la cam-pa-gne, n'oublie jamais ça !
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I
Voila pourquoi ce moment fut ephemere, car je n'aime pas vivre dans le danger trop longtemps...
A
Oui, bon, Pascal, je comprends...mais entends-tu aussi la trayeuse éléctrique ? C'est très apaisant. Je ne rigole pas.
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I
Quoi tu me dis que tu as toi aussi le CD "bruits et sons de la campagne"? Trayeuse, tracteur, moissoneuse, et autres cocorico...Un classique !
C
un club de bridge ? j'espère que ce n'est pas une bande de ponts !;-)
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I
Oh l'ot' le voila bilingue...