Le sixième homme
Je me l’étais promis…
Une chute, un vol, cela aurait dû être l’inverse, non ?
S’arracher (autre chose que des cheveux.)
Se faire mal (autre part qu’au coude.)
Donner 120% (et même plus.)
Je me sentais bien ce matin, enfin bien, mon coude…Fichu coude qui m’élançait. J’avais refusé de continuer mon traitement pour la douleur, la douleur physique, bien entendu.
On verrait bien.
Mon sac préparé avec la minutie propre au sportif malade consciencieux que je suis, j’ai filé « là-haut, là-bas. »
Je me sens bien.
Le parcours est plat, boueux à souhait.
Venteux.
Il y a les 200 autres.
Il faut que…
Il faut que les « bons » de mon équipe soient tous présents et en forme.
Il me faut terminer dans les six coureurs de l’équipe.
Il faut que je batte mes camarades d’entraînement ; plus forts, plus rapides, plus jeunes.
Il faut que je me fasse mal (autre part qu’au coude).
Il faut que je coure intelligemment (si, si, c’est possible.)
Il faut que je sorte LA course. Zi Race.
Il en faut des « faut ».
BANG.
C’est parti 200 jeunes fous lancés dans la boue.
Ça va vite.
Les jeunes sont fous.
Ça tourne, ça glisse, ça se pousse, ça s’accroche, ça tombe.
Les jeunes sont fous.
Je suis loin, très loin, trop loin, bien loin.
Patience.
10 ième, 20 ième, 50 ième, 90 ième, 110 ième.
Moi.
Je suis 7 ième de l’équipe…7 ième de l’équipe…7 ième de l’équipe.
Et puis, chance ? Destin ?
Le 6 ième homme perd sa chaussure, je le passe, il me repasse conscient que c’est SA place que je veux. Je le veux lent, faible, malade, fou…Jeune fou, c’est ça.
Il s’enfuit. Je suis 7 ième.
Patience.
Patience.
J’ai 4 kilomètres pour être patient.
Deux tours.
Premier tour. Toujours 7 ième homme. Je remonte les jeunes fous partis trop vite, le palpitant dans le rouge.
Et puis, le 6 ième grossit, se rapproche, et je le colle.
Je veux qu’il me « sente ».
C’est maintenant que ça se joue, je le sais, lui aussi.
Je le passe sans lui parler, sans le regarder.
Il s’accroche.
Je mets des « boites », des « caisses », et des « mines ». Je veux le faire douter. Je ne devrais pas être là, il le sait, moi aussi.
Doute, doute, doute, doute, petit homme.
Il devient 7 ième, absorbé par son doute, affaiblit par ma confiance.
Les secondes filent…Les premiers sont déjà en train de recevoir leurs médailles que j’arrive en sprintant…comme un jeune fou.
Je finis loin des meilleurs, très loin.
M’en fiche…
M’en cogne les Gluteus Maximus boueux.
Je ai content.
Je suis 6 ième de l’équipe.
« On……….est………..qualifié ? » sont les premiers mots qui sortent de ma bouche baveuse.
Le « OUI » me suffit. Le « Oui » m’emplit de satisfaction.
Le 7 ième homme arrive.
Abattu.
Dépité.
Il me regarde.
Il sait.
Mon bonheur se nourrit de son malheur.
Il sait.
Silence.
Il m’avait mis « deux secondes », je lui en ai mis vingt !
Le 4 mars, je serais sur l’hippodrome de Vichy pour les Championnats de France de cross-country !
Autosatisfaction niveau 50 !
Je me tape dans le dos.
Mission accomplie.
You-pie !
Une chute, un vol, cela aurait dû être l’inverse, non ?
S’arracher (autre chose que des cheveux.)
Se faire mal (autre part qu’au coude.)
Donner 120% (et même plus.)
Je me sentais bien ce matin, enfin bien, mon coude…Fichu coude qui m’élançait. J’avais refusé de continuer mon traitement pour la douleur, la douleur physique, bien entendu.
On verrait bien.
Mon sac préparé avec la minutie propre au sportif malade consciencieux que je suis, j’ai filé « là-haut, là-bas. »
Je me sens bien.
Le parcours est plat, boueux à souhait.
Venteux.
Il y a les 200 autres.
Il faut que…
Il faut que les « bons » de mon équipe soient tous présents et en forme.
Il me faut terminer dans les six coureurs de l’équipe.
Il faut que je batte mes camarades d’entraînement ; plus forts, plus rapides, plus jeunes.
Il faut que je me fasse mal (autre part qu’au coude).
Il faut que je coure intelligemment (si, si, c’est possible.)
Il faut que je sorte LA course. Zi Race.
Il en faut des « faut ».
BANG.
C’est parti 200 jeunes fous lancés dans la boue.
Ça va vite.
Les jeunes sont fous.
Ça tourne, ça glisse, ça se pousse, ça s’accroche, ça tombe.
Les jeunes sont fous.
Je suis loin, très loin, trop loin, bien loin.
Patience.
10 ième, 20 ième, 50 ième, 90 ième, 110 ième.
Moi.
Je suis 7 ième de l’équipe…7 ième de l’équipe…7 ième de l’équipe.
Et puis, chance ? Destin ?
Le 6 ième homme perd sa chaussure, je le passe, il me repasse conscient que c’est SA place que je veux. Je le veux lent, faible, malade, fou…Jeune fou, c’est ça.
Il s’enfuit. Je suis 7 ième.
Patience.
Patience.
J’ai 4 kilomètres pour être patient.
Deux tours.
Premier tour. Toujours 7 ième homme. Je remonte les jeunes fous partis trop vite, le palpitant dans le rouge.
Et puis, le 6 ième grossit, se rapproche, et je le colle.
Je veux qu’il me « sente ».
C’est maintenant que ça se joue, je le sais, lui aussi.
Je le passe sans lui parler, sans le regarder.
Il s’accroche.
Je mets des « boites », des « caisses », et des « mines ». Je veux le faire douter. Je ne devrais pas être là, il le sait, moi aussi.
Doute, doute, doute, doute, petit homme.
Il devient 7 ième, absorbé par son doute, affaiblit par ma confiance.
Les secondes filent…Les premiers sont déjà en train de recevoir leurs médailles que j’arrive en sprintant…comme un jeune fou.
Je finis loin des meilleurs, très loin.
M’en fiche…
M’en cogne les Gluteus Maximus boueux.
Je ai content.
Je suis 6 ième de l’équipe.
« On……….est………..qualifié ? » sont les premiers mots qui sortent de ma bouche baveuse.
Le « OUI » me suffit. Le « Oui » m’emplit de satisfaction.
Le 7 ième homme arrive.
Abattu.
Dépité.
Il me regarde.
Il sait.
Mon bonheur se nourrit de son malheur.
Il sait.
Silence.
Il m’avait mis « deux secondes », je lui en ai mis vingt !
Le 4 mars, je serais sur l’hippodrome de Vichy pour les Championnats de France de cross-country !
Autosatisfaction niveau 50 !
Je me tape dans le dos.
Mission accomplie.
You-pie !